Des applis dans les vieilles pierres

Réalité augmentée ou virtuelle, reconnaissance faciale et applis guident de plus en plus les visiteurs parmi les vieilles pierres. Spécialité française, l’usage du numérique dans le patrimoine historique se développe, comme l’a prouvé une conférence de la Semaine digitale à Bordeaux, début avril. Les TIC révolutionnent la transmission de connaissances et d‘émotions aussi dans les monuments et sites.

Concepteurs d’applis et responsables de sites patrimoniaux ont tous témoigné durant  cette conférence sur les stratégies numériques et le patrimoine que le numérique  renouvellent la médiation de contenus dans les sites de visite. Première qualité, l’interactivité passe par exemple par la possibilité de « liker » des lieux, de donner des infos sur un site, comme le propose l’appli OhAhCheck.

Médiation de contenus

Elle a été présentée par Anne Sophie Maggiori, chargée de communication et patrimoines pour l’Association Nationale des Villes et Pays d’Art et d’Histoire, et Pierre Croizet de GMT Editions,  expert en e-tourisme à Bordeaux, qui ont affirmé : « Il y a une demande de médiation de contenus ».

L’appli OhAhCheck dans les rues de Bordeaux : « Photographiez, checkez, c'est collectionné ».

Il faut du numérique

« La médiation humaine est nécessaire mais pas suffisante : il faut du numérique ». Partant de ce constat, le CMN, le Centre des monuments nationaux, établissement public qui gère 100 monuments et accueillent 10 millions visiteurs par an, lance La Fabrique à histoires.
La visite des sites se fera avec l’aide de smartphones ou de tablettes, sur des parcours scénarisés et destinés aux jeunes et aux familles. Pour ceux qui ne pourront télécharger l’application, des tablettes seront prêtées à l’entrée.

Premiers monuments concernés par ce dispositif en bordelais : la Tour Pey Berland, l’abbaye de la Sauve Majeure et le Château de Cadillac.

Conférenciers enchantés

Aube Lebel, fondatrice de Clicmuse à Paris est formelle : durant une visite de site patrimonial, 80% des visiteurs photographient et 60% des personnes jouent sur leur téléphone portable. « C’est à prendre en compte pour l’interactivité ». D’où son concept : organiser dans Paris des balades photos sur l’appli avec des conférenciers enchantés car les photos sont des supports à leur visite guidée.

Pour Emmanuel Blanchard, chercheur et fondateur de Idü Interactive, de Montréal et Biarritz : « la technique sert à améliorer l’interaction guide visiteurs ». Avec des écueils à éviter : ne pas laisser le visiteur « dans son smartphone » lors de son parcours. Eviter aussi que la réalité augmentée, de plus en plus mise en scène sur les sites, le coupe du patrimoine.

L’humain derrière la technologie

On le voit : avec les technologies numériques, le patrimoine historique et touristique se trouve confronté aux mêmes problématiques de mise en scène du récit, de transmission des connaissances que le livre, le spectacle, les médias…

Evoquant ses projets d’informatique affective qui donne à la machine la capacité de deviner l’état affectif du public, par exemple grâce à la reconnaissance faciale, Emmanuel Blanchard, fondateur d’Idü Interactive, prévient : « La technologie patrimoniale facilitateur peut devenir incontrôlable avec plus d’inconvénients qu’avantages. »

Tout en concluant : « Derrière technologie, il y a toujours l’humain ! »

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